LE PACTE AVEC L’HISTOIRE
Essai contre le scepticisme moderne

Résumé

Le Pacte avec l’Histoire, nourri d’une longue implication de ses auteurs, Jacques De Cock et Charlotte Goëtz-Nothomb, dans plusieurs mouvements éducatifs et d’animation culturelle, se veut un bilan des actions menées et une orientation pour l’avenir. Conçu comme un manifeste, il est résolument polémique. 

L’idéologie contemporaine bute sur le concept d’Histoire. 
A la conception d’une histoire déterminée par des forces externes, elle oppose une société qui n’aurait plus que des histoires, sans référence à une essence humaine.
Mai 1968 est une date-clé dans le mouvement parce qu’il a, un temps, renoué avec ce caractère général de la pensée qui pose que l’homme pourrait être tout autre chose que ce qu’il est, même si, ensuite, les interrogations se multiplient.
Diverses orientations s’affirment et se heurtent. Et pourtant, assez vite, elles mènent à un résultat identique qui alarme les auteurs du Pacte: une négation du sens historique. L’ouvrage veut montrer cette curieuse trajectoire sous divers angles, ses raisons et ses fantasmes.

Il est fréquent que soit revendiquée l’option qu’il faut reconnaître ces orientations les unes à côté des autres, extérieures les unes aux autres. Un règne de la différence, de la variété a succédé à celui des systèmes, des idéologies… 
Il y a «des» vérités, chacune d’elles ayant sa valeur selon le point de vue d’où l’on se place, selon les individus, selon les circonstances. Mais cette option ne s’arrête pas à ce premier pas, elle affirme qu’il ne sera pas possible d’opérer une architecture de ces différences. Toute tentative de dépasser cet éclatement et donc toute action organique seront rejetées comme des retours aux clivages anciens, sans appréhension de dogmatismes nouveaux, plus dangereux encore. 

Une phrase de Jacques Monod, dans son ouvrage Le Hasard et la Nécessité rendait bien compte de cette étape:
«L’ancienne alliance est rompue; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers d’où il a émergé par hasard.»
Aussi ne sait-on plus trop s’il faut parler d’une fluidité ou d’une fixité absolue. Vivons-nous dans une situation où tout est possible ou dans une situation où quoi que l’on entreprenne, cela revient au même ?

Le mouvement oscille entre deux pôles, la peur du vide - quand tout a été passé au crible de la critique - et la peur du système clos - quand on refait appel aux mythes et dogmes anciens. Et ces peurs peuvent être les meilleurs des soporifiques.

Face à l’Histoire, jalonnée de guerres, de crises et de révolutions, nous ne proposons que mille positions défensives pour parer aux urgences. 
Pourtant, dépasser ce «refus» d’une histoire humaine ayant une identité essentielle à conquérir, à promouvoir et à défendre par-delà les disjonctions, aiderait à supprimer une des causes principales de la peur, de l’ennui, de la passivité ou des pulsions  superficielles qui peuvent envahir le monde.