Le masque funéraire de Tout ankh Amon, icône la plus photographiée d’Egypte avec le buste de Nefertiti et la Grande Pyramide, a subi depuis sa fabrication bien des vicissitudes.
Composé de trois plaques d’or; deux pour la coiffe et une pour le visage, les alliages sont différents. En effet, la coiffe est composée de plaques de faible relief, alors que le visage a besoin d’un métal plus ductible, avec ses creux et ses bosses profondes. Soudées entre elles par martelage comme le montre la radio aux rayons gamma, la jonction étant sous les incrustations de la coiffe, la théorie selon laquelle le visage aurait été changé lors de l’usurpation du masque, est contestée.
En effet, nous sommes sûrs maintenant que ce masque ne fut pas fabriqué pour les funérailles du petit roi, mais pour son prédécesseur, une femme-pharaon du nom de Ankh Kheper ou Re – son cartouche se trouve sur l’épaule, recouvert par celui de Neb Kheperou Re – Tout ankh Amon.
Avec bien des artefacts, ce masque était en “attente” dans les réserves du palais, sa propriétaire étant – de ce que nous en savons aujourd’hui – disparue de l’histoire et des annales.
Le roi mourant inopinément, il vint à point pour compléter l’équipement funéraire, dont seuls les objets provenant de l’enfance du roi peuvent lui être personnellement attribués.
Lors des funérailles, plusieurs problèmes d’exposition sont advenus. La momie masquée devait être dressée devant la tombe pour la cérémonie. Le fouet ne tenant pas en place, on a grossièrement troué à deux endroits le pan droit du nemes (la coiffure solaire) pour y glisser un lien tenant ce fouet.
Puis, le masque comportant à l’origine un collier shebiou à deux rangs seulement, on a percé deux petits trous de chaque côté du cou pour, à l’aide de crochets d’or, fixer un vrai collier shebiou, mais cette fois à trois rangs. Non remis en place, il est toujours exposé sous le masque.
Lors de la cérémonie, la momie masquée ayant été dressée devant la tombe pour la cérémonie de “l’ouverture de la bouche” sensée rendre les cinq sens au roi, la momie échappa au prêtre, sans doute masqué en Anubis, et tomba sur les pierres, cabossant l’angle droit du nemes.
Après des siècles d’oubli, Howard Carter (1874 – 1939) découvrit la tombe en 1923.
A l’ouverture du dernier cercueil, on remarqua que les onguents et huiles sacrées, versés en grande quantité, avaient coulé dans le fond des cuves, collant les objets entre eux par une masse résineuse.
Une forte chaleur ramollissant cette résine ainsi chauffée à plus de 80°, on put décoller le masque, mais bien des fragments d’incrustation restent actuellement dans la cuve du dernier cercueil.
Depuis 1926, le masque est exposé dans la salle de l’étage du Musée du Caire. Nettoyé régulièrement, il est tantôt mat, tantôt brillant comme un miroir…
Récemment, pour changer une ampoule de la vitrine, un préparateur fit tomber la barbe, et la recolla immédiatement à la colle plastique!
C’est un professeur allemand et son équipe qui réparèrent les dégâts.
La barbe (qui n’a pas toujours été exposée en place) fut refixée avec son manchon grâce à du miel, comme ce fut, paraît-il, fait à l’origine.
Le masque offre, vu de profil, un allongement inhabituel. Cela vient du fait qu’il avait été fabriqué pour une princesse amarnienne. Le sculpteur Toutmes (celui du buste de Nefertiti) avait l’habitude de représenter le crâne des filles d’Akhnaton avec un allongement, une déformation qu’il était le seul à figurer de cette façon si maniériste. Un collage montrant le profil du masque superposé à une de ces têtes de princesses nous montre la parfaite coïncidence des deux profils, y compris la place de l’oreille.
Il est donc fortement supposé que ce masque sortit des ateliers de Toutmes à Amarna.
Le masque tel qu’il fut trouvé lors de l’ouverture du dernier cercueil
Le masque tel qui fut trouvé lors de l’ouverture du dernier cercueil
LES MYSTERES
DU MASQUE DE TOUT ANKH AMON
DES ORIGINES A NOS JOURS
PAR CHRISTIAN GUILMIN
© POLENORDGROUP